jeudi 28 juillet 2016

Comment devenir milliardaire en Tunisie


Dans l'absolu, pour devenir riche il faut choisir entre la voie normale ou la voie accélérée. La première est longue fastidieuse et incertaine, celle qui repose sur le labeur et la patience. La deuxième est accélérée et demande plutôt de l'habilité à saisir les occasions qu'offre chaque pays, en fonction des valeurs qui règnent et les systèmes qui fonctionnent sur le terrain.

De par ma connaissance de la réalité tunisienne, je partage avec vous les différentes manières de devenir milliardaire dans le pays du jasmin.

  1. Se marier à la fille du président de la république: 

Cette technique pour devenir riche fût la plus réussie il y a quelques années, quoique très improbable vue le nombre limité des filles de n'importe quel président. Il existe d'autres variantes à cette technique, telle que se marier à la nièce, la sœur ou la cousine. Quand le président n'a que des garçons, comme c'est le cas actuellement, il va falloir se débrouiller, autrement.


2. Parler au nom du bon Dieu:


A défaut d'être le beau fils du président, il faut se retourner au bon Dieu. Cette manière  rapporte beaucoup d'argent dans peu de temps et peut prendre plusieurs formes: Devenir un "cheikh" ou un "daiaa" (prêcheur) et vendre des tickets pour le paradis, constituer un parti politique et faire un hold-up sur le pays, recruter des jeunes pour le "djihad" et se faire payer à la tête de pipe, offrir des produits labellisés "halel" que ce soit la viande, le gazouze ou les intérêts bancaires. Ou ouvrir une agence de recrutement spécialisée dans l'administration et les entreprises publiques et se faire payer à la commission.


3. Emprunter beaucoup d'argent puis financer une loi de conciliation :


Ah là, c'est une spécialité purement tuniso tunisienne. Il existe une double astuce: maximiser le montant emprunté et bien choisir le parti à financer. En cas de doute, financer le maximum de partis, de toute les façons, il vont s'associer après les élections.


4. Fuir avec l'argent d'un dictateur, créer un parti politique et présider un club de football

Ca n'arrive pas à tout le monde d'être le commis d'un dictateur, mais quand cela vous arrive, ne ratez pas l'occasion, ni le coach.


5. Créer une chaîne télé et s'engager dans la politique ou produire des émissions de bas de gamme: 


Joindre entre la politique et les medias n'est pas une spécialité italienne. Nos compatriotes le font bien, sauf qu'au lieu d'aimer les filles, chez nous on vénère "Sidi echick".

Dans d'autres cas, la chaîne télé rapporte beaucoup, inversement proportionnellement à la qualité des programmes et des jeux diffusés.


6. Lancer un commerce de contre bande: 


Si vous n'êtes pas doué en politique ni en religion, il va falloir vous orienter vers le commerce et pas n'importe lequel. Le commerce qui rapporte le plus en Tunisie et qui est exonéré de impôt est le commerce de contre bande. Dans ce domaine, n'ayez pas peur des politiques, ils parleront beaucoup de vous, ça sera pour des raisons électorales mais pas pour vous inquiéter.


7. Ouvrir une agence d'intérim et d'immigration :


Le dernier domaine qui pourra vous permettre de s'enrichir serait d'assister les jeunes pour fuir le pays: immigration au Canada, refuge au Cambodge, prostitution au liban, aide terroriste en Irak ou en Syrie. Autant de choix à mettre dans le catalogue.

Si ce commerce va bien, c'est parce que le système tunisien prive les jeunes de leur avenir en favorisant le développement des 6 manières de s'enrichir citées plus haut.


Anis WAHABI 

samedi 21 mai 2016

Les Tunisiens sont-ils capables d’excellence ?


Après cinq ans, quatre présidents, deux élections, plusieurs attentats et plusieurs gouvernements, le commun des Tunisiens vit avec une question existentielle omniprésente : «Faut-il garder l’espoir dans son pays?».
Le commun des Tunisiens veut s’assurer de son futur et de celui de ses enfants, une question dont les pseudo-politiques, qui font le destin de la Tunisie, se moquent à force de se concentrer sur le choix du parti politique auquel il faut adhérer, après la faillite imminente des pseudo-partis occupent temporairement le devant de la scène.
Le Tunisien veut savoir s’il peut compter sur l’avenir. Malheureusement, Taleb Ammar n’est plus et les apprentis sorciers d’aujourd’hui sont à l’image de nos politiques, trop de paroles en l’air.
Pour prédire le futur, on serait obligé d’adopter des méthodes plus scientifiques. Cela n’est pas cohérent avec les manières de Yassine Brahim, mais on n’a pas malheureusement le choix.
Un destin low-cost
Pour faire simple, nous adopterons la règle annoncée pas Einstein selon laquelle il serait idiot de refaire les mêmes actions en attendant des résultats différents. Notons ici qu’il s’agit d’une question d’idiotie, qui est le niveau zéro d’une échelle d’intelligence.
Dans les années 80, le pays a choisi de se ranger dans les rangs de la FMI, 25 ans après le Programme d’ajustement structurel (PAS), il y a eu la révolution.
Depuis 1972, la Tunisie a arpenté le chemin du low-cost. Cela a touché tous les domaines, de l’industrie au tourisme. Toute notre vie a été entachée de ce concept de «moins cher que gratuit»: l’enseignement, l’urbanisme, la culture… tout est au low-cost.
Dans les années 70, nous partagions avec la Corée du Sud le même niveau de PIB et le même système low-cost. Ils avaient une vision, nous avions des Destouriens, des nationalistes, des communistes et des islamistes.
Et puis il y a eu les réformes, ou plutôt les annonces de réformes: de la réforme du système fiscal (avec l’avènement de la TVA et le Code de l’IRPP et de l’IS à la fin des années 80), à la réforme du système bancaire (au début des années 90). On a eu aussi un long programme de mise à niveau des secteurs de l’industrie et des services, un autre programme pour le secteur de tourisme, et la liste est longue. Vingt ans ans après, les 2 plus grandes banques publiques (STB et BNA) sont chroniquement déficitaires et aucune banque tunisienne ne figure dans le top 100 des banques africaines. Le secteur touristique est mono produit, et le secteur industriel n’arrive pas à dépasser le niveau d’assembleur.
Quand un malade suit tout un traitement sans guérison, ça ne servira à rien de reprendre le même médicament. Ou le médicament n’est pas convenable, il faut donc changer de protocole (stratégie), ou le diagnostic est faux, il faut à ce moment changer de médecin.
Voilà donc que notre administration «médecin malgré elle» nous engage dans de nouvelles négociations pour l’Accord de libre échange complet et approfondi (Aleca) avec l’Union européenne (UE), pour la libéralisation de l’agriculture et des services, alors qu’aucune évaluation du l’accord de libre échange entamé en 1995 n’a été effectuée.
Il y a certainement des mobiles à cela : voyages, perdiem et shopping. Les architectes, médecins et autres professions libérales peuvent toujours changer de métiers.
Intelligence individuelle et idiotie collective
En fait, le concept d’idiotie n’est pas fortuitement évoqué par Einstein, parce qu’il s’agit belle et bien d’une histoire d’intelligence, comme celle qui a armé Bourguiba pour tenir au pouvoir 18 ans après sa DLC caractérisée par une dépression aiguë. C’est la même intelligence qui a permis à Ben Ali d’asservir le peuple, y compris les plus intelligents et les instruits pendant 23 ans. C’est aussi la même intelligence qui a permis et permet toujours à l’oligarchie de se tenir au pouvoir quel que soit le dieu vénéré dans le pays.
L’intelligence individuelle ne sert que son maître, mais le futur d’un pays dépend d’une autre forme d’intelligence: la collective.
Un peuple évolue quand il est doté d’une intelligence collective qui lui permet de se forger une vision, de travailler pour et de distinguer entre les vrais et les faux problèmes.
Voyons donc le degré d’intelligence du «grand peuple tunisien». En plein crise économique, d’augmentation tendancielle de chômage et d’endettement, le peuple tunisien s’est offert le luxe de discuter des questions d’homosexualité et de partage équitable de l’héritage entre l’homme et la femme. C’est pour dire combien ce «grand peuple tunisien» tournait en rond depuis qu’il s’est coincé dans une crise identitaire aiguë.
Émotionnel comme il est, ce peuple est heurté pour un rien, pour n’importe quel propos déplacé de n’importe quel fou qui se montre à la télé. Alors dans ce chapitre, il va falloir élucider de près l’intelligence émotionnelle collective d’un peuple qui a raté sa révolution à cause de son excès de sensibilité pour les futilités, et pas pour les questions existentielles essentielles.
Du côté de la moitié pleine du verre, il faut reconnaître que le peuple tunisien, grâce à son intelligence collective, a su surmonter des moments difficiles. Il gère tant bien que mal une transition politique épineuse et, faute d’assurer la croissance, il arrive chaque année à lever des fonds sur le marché extérieur. C’est un peuple débrouillard capable de décrocher 2,7 milliard de dollars du Fonds monétaire international (FMI) avec 2 amendements d’articles de loi.
Sans prétendre donc avoir la boule magique, le futur de la Tunisie dépend du commun des Tunisien. L’analyse du niveau d’intelligence collective du peuple tunisien peut nous révéler beaucoup: ce peuple survivra, s’adaptera, mais n’arrivera pas à l’excellence à force d’adopter les systèmes D.

Anis WAHABI 

mercredi 2 mars 2016

Les sept illusions de la réalité tunisienne


Anis Wahabi

Pour "Am salah" les jours se suivent et se ressemblent, depuis les années 80. A Khacheb où il habite avec sa femme, son fils aîné et ses quatre filles, la vie ne semble pas s'améliorer malgré les promesses qu'il a dû gober depuis Mzali, passant par Ben Ali et la sainte révolution.
Et pourtant, Khacheb est à 35 kilomètre de la Kasba, siège du gouvernement tunisois, et, théoriquement, à une heure de la gare de Bab Saadoun, si le bus de la Transtu se rappelle du chemin, de l'horaire et de la station.

"Rien n'a changé, rien, malgré toute les promesses", déclare "Am Salah" du haut de ses soixante ans qui lui ont permis d'assister à toutes les salades tunisiennes, le collectivisme improvisé de Ben Salah, l'ouverture économique au sens unique de Nouira, l'ère nouvelle de ben Ali, la sixième kalifa de Jebali et le prestige de l'Etat de Kaid Essebsi. "Le dernier soutien qu'on reçut de l'Etat fut une vache laitière dans le cadre du programme de développement rural", se rappelle Am Salah avant de préciser " c'était en 1984".

L'avis de « Am Salah » est partagé par tous les habitants de Khacheb qui compte plus de deux cents familles éparpillées dans une dizaine de petites agglomérations. Ils ont eu droit à l'électricité dans les années 90, mais pour l'eau, la galère continue. Tout le monde s'est rabattu sur la faible canalisation conçue pour une capacité de 50 familles ce qui a esquinté le débit. Les bénéficiaires n'ont pas payé leur consommation parce que  le service s'est détérioré. La Sonede a coupé la vanne centrale parce qu'elle n'a pas été payée.
Côté santé, depuis que le dispensaire a fermé ses portes faute de médecin, tous les rendez-vous sont pris à Tunis, avec généralement quelques mois d'attente et quel que soit l'urgence.

Quant à l'enseignement, l'école la plus proche est à quelques kilomètres et il faut voir son état. Quant au lycée secondaire, c'est rare qu'un ressortissant de la région y a mis les pays; si ce n'est pour un problème de niveau, ça serait pour des raisons matérielles.
"L'Etat, on la connaît quand on nous ramène nos enfant au service militaire. Autrement, même si les terroristes nous attaquent, nous avons que nous prières à réciter".

Cinq ans après l'explosion du rêve du jasmin, le retour à la réalité est frustrant, exception faite pour les politiques et affairistes qui ont profité de la situation. 
Pour "Am Salah", et des milliers comme lui, à Fatnassa, à Bououane, à Machreg Echems, à Ain Soltan, il ne serai pas aisé de leur expliquer pourquoi leur fils sont au chômage, pourquoi leurs filles n'ont pas pu terminer leurs études et comment avoir un rendez-vous à l'hôpital sans attendre des mois.

Ça serait plus difficile de leur convaincre de certaines "évidences" dont certains croient vraies :

1- La dignité est consacrée comme principe constitutionnel :
L'article 4 de la constitution a beau l'annoncer clairement, aussi l'article 38 concernant le droit à la santé ou l'article 39 concernant l'accès à l'éducation. Dans la pratique, cette illusion est de taille. Il fut un temps, à l'aube de l'indépendance, où la garde nationale se déplace pour ramener un élève récalcitrant à l'école. Malgré les bonnes intentions de l'article 4 de la constitution, la karama (dignité) n'est pas encore intégrée, au sens propre, à l'emblème de l'Etat. Personne ne se soucient des enfants qui quittent l'école, parce que on en a besoin pour les petits travaux et parce que ceux qui décident pour ce pays, on besoin des petites bonnes pour faire le ménage et garder les enfants. A l'exception de la compagne lancé le ministère de l'éducation dernièrement pour récupérer les enfants qui ont quitté l'école, je n'ai vu personne se soucier des petites filles qui viennent du nord et du centre ouest pour travailler comme bonnes couchantes à 80 dinars le mois. Pour certains, c'est la faute aux parents de ces fillettes qui laissent faire. Pour moi, c'est la faute de l'illusion de l'Etat qui nous hante.
Pour ce qui est de la dignité, il faut prêter un peu d'attention aux gens qui se tapent des heures à attendre des bus qui ne viennent pas, aux gens qui se bagarrent pour avoir une place debout dans un taxi collectif conduit par un kamikaze, pour réaliser que la dignité n'est qu'une illusion dans le pays d’Hannibal.

2- La classe moyenne est le point fort de la société tunisienne:
En réalité la classe moyenne est disparue. Déjà, les chiffres officiels reconnaissent que cette frange est descendue de 80% à 60% de la population. Mais ceux qui composent cette frange ne constituent plus une classe moyenne. Avec un salaire entre 1000 et 1500 dinars, on est plutôt légèrement au-dessus du seuil de pauvreté. Il fallait, pour en être convaincu, relativiser les chiffres: le pouvoir d'achat du tunisien s'est dégringoler de 40% en 5 ans et si on intègre  en compte la pression fiscale et sociale qui a atteint le pourcentage record de 32%, la situation ne peux que s'empirer.
Rétablir la classe moyenne ne se fait pas avec l'importation de quelques 3000 voitures populaires. Ce cas même est la preuve de l'incapacité du gouvernement Essid bis à toucher les vrais problèmes, d'où le recours à des mesures de retouche.

3- Tous les moyens sont déployés pour combattre le chômage:
C'est peut-être le chômage de certains disciples politiques qui a été éradiqué avec les recrutements massifs de 2012 et 2013, mais pas pour d'autres. Le taux de chômage vacille au alentour de 15% au niveau national, s'élève pour les diplômés à 22% au niveau de la gente féminine et atteint un pic de 30% dans certaines régions de l'intérieur. Avec ces taux, qui s'apprêtent à augmenter à cause de la crise et des nouveaux rejetons de l'université, on transforme la Tunisie en une usine à terroristes et délinquants. 
Et pourtant, rien ne se fait sur le terrain, ni des programmes d'insertion, ni une revue de la politique d'employabilité qui a poussé Ben Ali à la porte de sortie. On nous gave de discours à la langue de bois, puis rien que des illusions d'une guerre contre le chômage qui se passe sur les plateaux télévisés. Faut-il rappeler ici que ce n'est pas à travers les avantages fiscaux qu'on résout le chômage, ni par les recrutements dans une administration bourrée. 
Quand le porte-parole du gouvernement se réjouit d'une diminution de un point en le ramenant à un pourcentage de diminution de 30%, ce n'est pas seulement illusoire, c'est un biais cognitif de perception qui se manifeste chez nos gouvernants.

4- La guerre contre le terrorisme bas sont plein :
Pour lutter contre un fléau, n'est-il pas nécessaire d'éradiquer ses racines? Chez nous au contraire, toute la machine médiatique œuvre pour concentrer le problème dans "Ansar charia". Ces derniers ne sont-ils pas la branche armée d'une confrérie plus étendue? Qui l'a financé? Qui a laissé faire pendant 3 ans? Qui a autorisé le passage des armes en Lybie à travers notre territoire, sans faire attention au quantité qui y sont restés ?
D'un autre côté, est ce qu'il y a eu une vraie réforme des services de sécurité? Le comportement des agents de police relève de grandes défaillances, perçu même par le commun des citoyens. Alors que l'attentat de Bardo est entre autre due à l'absence des agents de sécurité, partis prendre le café, le relâchement continue à être visible partout. 
On se croit engagés dans une guerre contre le terrorisme, mais s'il n'y a pas eu d'attentats depuis Sousse, c'est parce que les terroristes n'ont pas voulu en faire.

5- La Tunisie est engagée dans la lutte contre le marché parallèle :
La moitié de l'économie est souterraine, le manque à gagner en termes de fraude fiscale est estimé à 7 milliard de dinars, soit 25% du budget de l'états ou le double du budget de développement du pays. 
Au delà de l'aspect fiscal, c'est toute l'économie qui souffre du marché noir: les commerces, l'industrie, l'artisanat et par ricochet la capacité de créer des emplois.
Au lieu de combattre ce fléau, chiffré à des mille milliard de millimes en espèce, en dinars et en devise, le gouverneur de la banque centrale s'amuse à tirer de nouvelles pièces de 200 millimes et de 2 dinars. Quant au ministre de commerce, il annonce vouloir négocier avec les contrebandiers. Autant alors négocier avec les trafiquants de drogues, les proxénètes et les pédophiles, tant qu'on est là.

6- La bonne gouvernance est le maître mot de la politique gouvernementale:
Nommer un ministre chargée de la gouvernance est la preuve même qu'on veut diluer le problème, parce que tout simplement "la bonne gouvernance" est un sujet transversal qui touche toute les structures de l'Etat, qu’on ne devrait pas concentrer dans commission ou un ministère.
Entre temps, la bonne gouvernance est utilisée comme Lamine Nahdi utilisait "ça dépend" dans son monologue, c'est à dire partout et pour ne rien dire. Ça fait partie de la langue de bois que les politiques utilisent pour meubler leur discours. Des politiques qui se sont financés d'une manière peu "orthodoxe", qui n'ont pas déclaré leur patrimoine au moment de la prise de postes et dont les partis politiques n'ont jamais publiés les comptes.
Vouloir passer l'éponge sur les crimes économiques du passée, à travers une loi de conciliation introduite par petite pièce dans la loi de finances, est la preuve que ce gouvernent et la bonne gouvernance, ça fait deux. Assister au retour progressif mais sûr des gourous du passée, qui envahissent le territoire et tirent sur tout ce qui bougent, en est une autre preuve.

"Am Salah" ne saisit pas le concept de la bonne gouvernance que son fils, rescapé de l'enseignement et toujours chômeur, évoque à chaque sujet. Am Salah veut du pain, de l'eau et des soins. "Am Salah" à même repris de l'espoir quand Kais Essebsi a accédé à l'investiture suprême, parce qu'il voit en lui l'image de Bourguiba et considère qu'il est capable à redresser la barre.

Mais son fils insiste que c'est illusoire de séparer le développement de la bonne gouvernance, que Kaid Essebsi n'est pas Bourguiba et que le changement n'est pas pour demain.


Il s'agit d'un conflit générationnel, vous dites, mais ce conflit générationnel ne sera pas, certainement, de l'illusion.

Anis WAHABI



vendredi 26 février 2016

المالية العمومية بعد الثورة: اذا تعدد المانحون تعددت المطامع

يخضع التصرف في موارد الدولة لقواعد صارمة تحددها جملة من القوانين الهامة مثل القانون الأساسي للميزانية ومجلة المحاسبة العمومية ولقواعد عامة للمالية العمومية مثل ترشيد الإنفاق العام بحيث والتوازن بين الموارد والأعباء والشمولية والتخصيص.
الانخراط الذي مَس وضعية المالية العمومية في تونس سببه عدم احترام هذه المبادئ وبكل بساطة فإن اللغط الخاص منذ ايام حول قضية تبخر أموال من الميزانية وما الى ذلك سببه عدم احترام المبادئ المذكورة.
كما ان ما تم التصريح به من ان الأموال تبخرت ومن تكذيب لذلك كله غير دقيق باعتبار انه لم يتم ارجاعه لأصل الأشياء.
ما حصل هو انه لم يتم احترام مبدأ ترشيد المصاريف باعتبار ان مبالغ هامة صرفت في أبواب غير ذات جدوى أو على الأقل لم تستوفي الاجماع الوطني وأخص بالذكر المبالغ التي تم رصدها لانتدابات الاستثنائية والمساعدات المرصودة لبعض الجمعيات والى غير ذلك.
كما انه لم يتم احترام مبدأ عدم تخصيص الإيرادات وتخصيص النفقات حيث ان المبالغ المرصودة في أبواب معينة من الميزانية تم توجيهها لأبواب اخرى وخاصة التحويلات من باب أبواب التنمية الى أبواب التصرف.
كل هذه المشاكل مردها عدم احترام مبدأ التوازن بين الموارد والأعباء باعتبار ان تقديرات الموارد لم تكن واقعية بل ولم تكن جدية. 
قفزت ميزانية الدولة من سنة 2010 الى سنة 2013 من 18,235 مليار دينار الى 26,692 مليار دينار. بل بالأحرى قفزت المصاريف بهذه الصورة الصادمة بدون ان يكون للدولة قدرة على خلق الثروة لتغطية هذه المصاريف.
ولتغطية هذا العجز عولت الحكومة آنذاك على التداين وهو ما يفسر ارتفاع نسبة الدين بعشرة نقاط في خمس سنوات، وعلى استهلاك مدخرات الدولة ومنها رصيد بيع حصة من اسهم اتصالات تونس.
جدير بالذكر أن مبدا الشمولية وقع الرمي به عرض الحائط في ما يخص الهبات التي تستلمها الدولة التونسي حيث لا يتم احتساب هذه الهبات بميزانية الدولة بل بصفة موازية. هذا يعد ضربا للقواعد الاساسية للميزانية والحوكمة لان عملية التصرف في هذه الهبات بهذه الشاكلة تجعلها خارج نطاق مجهر الشفافية وخارج مجال الرقابة.
والدليل على ذلك ان تقارير هيئات الرقابة لا تشمل التصرف  في الهبات بأنواعها.
عملية إقصاء الهبات من الميزانية ليست جديدة الا انه قبل 2012، كانت الهبات تدرج بمنظمة أدب لتنظيم المصاريف العمومية والتي تمثل آلية لاحترام القانون وشفافية المعلومات وذلك ما تم التوقف عن تطبيقه بدون تقديم اي تفسير.
التساؤلات حول سوء التصرف لا تخص فقط ما تم ذكره في التقرير الضخم لدائرة المحاسبات بل تتعدى ذلك الى محال الهبات التي لا نعرف حجمها وأين ذهبت وكيف صرفت وللاسف لا وجود لهيكل في تونس يقوم بمتابعتها لان الجهة الوحيدة التي لها النظر هي المانحين. وإذا تنوع المانحون تنوعت اطماعهم وتلون خدامهم.

samedi 30 janvier 2016

La politique d'emploi: l'expérience anglaise

Si mes souvenirs sont bons, la première revendication du peuple « révolutionnaire » était l’emploi. Les tractations politiques nous nous ont fait éloignés de ça. Attendant qu’on résout des problèmes identitaires probablement plus importants, commençons à étudier les expériences comparées dans le domaine.
Je commencerai par l’expérience du Royaume Uni, jugé très réussie, en me basant sur le travail de Nicolas GRIVEL, Nathalie GEORGES et Dominique MÉDA du CEE français.
Avec un chômage aux alentours de 5% (contre une moyenne de 7,9% en Europe des 25), le Royaume-Uni s’est fixé l’objectif ambitieux de parvenir à un taux d’emploi de 80%, ce qui implique même de ramener vers l’emploi des publics bénéficiant d’allocations d’inactivité (invalides-handicapés, parents isolés). Le taux de chômage de longue durée (+12 mois) est de 1,2% au Royaume Uni, alors que la moyenne européenne est de 3,6%.
Le premier constat qui surgit de l’expérience anglaise est le suivant : il n’est pas nécessaire de dépenser plus pour faire travailler plus de monde. En effet, en termes de part du PIB, le Royaume-Uni ne consacrait en 2004 que 0,8% de son PIB aux dépenses au titre des politiques du marché du travail, contre 2,3% en moyenne pour l’Union européenne à 15 et 2,5% pour la Suède, 2,7% pour la France et 3,7% pour les Pays-Bas (4,4% au Danemark). Le Royaume-Uni est à cette aune le pays de l’Union à 15 qui dépensait le moins pour les politiques de l’emploi. Rappelons à cet égard que la Tunisie a réservé dans son budget de 2012, 511 MDT pour l’emploi, soit 2% du budget.
Le deuxième constat porte sur l’importance des programmes d’accompagnement des demandeurs d’emploi : L’accompagnement des demandeurs d’emploi est guidé par l’idée directrice d’un retour à l’emploi rapide et quasi-autonome pour la plupart des chômeurs. Un suivi intensif est par conséquent mis en place, qui ne se double d’un véritable accompagnement qu’ultérieurement pour les demandeurs d’emploi qui peinent à sortir seuls du chômage. Un accompagnement renforcé intervient après 6 mois de chômage pour les jeunes et après 18 mois seulement pour les plus de 25 ans, sous la forme des programmes globaux « New Deal ».
L’accent est clairement mis sur le suivi des chômeurs et sur l’incitation à la recherche active d’emploi plus que sur la construction d’un projet professionnel ou sur le développement de l’employabilité. L’accompagnement repose sur des processus rationalisés et sur une forte spécialisation des fonctions et des conseillers. La notion de référent unique n’apparaît réellement qu’au moment du renforcement de l’accompagnement. Les prestations d’accompagnement, telles que la formation ou le placement dans des emplois aidés, sont très peu développées au Royaume-Uni.
Le système britannique d’accompagnement des demandeurs d'emploi présente les caractéristiques suivantes :
- il s’appuie sur un service public unifié d’indemnisation et de suivi des demandeurs d'emploi, autour des Jobcentre Plus ;
- reposant sur des règles d’indemnisation du chômage restrictives, il met l’accent sur un suivi intensif des chômeurs pour favoriser un retour rapide à l’emploi et développe peu les programmes de formation ou les contrats aidés ;
- connaissant un faible niveau de chômage, il est confronté à la persistance d’inactivité de catégories en difficultés (parents isolés, invalides et handicapés) qui constituent aujourd’hui la priorité des pouvoirs publics.
Le troisième constat émanant de l’expérience anglaise porte sur le point suivant : les services de l’emploi se concentrent sur leur mission tout en coordonnant avec d’autres acteurs notamment sur la question de formation.
S’agissant de l’orientation et de l’insertion professionnelles des jeunes, un réseau spécifique dénommé Connexions Service étant chargé en Angleterre de l’accueil des jeunes et disposant de nombreuses antennes locales.
En Angleterre, les Learning and Skills Councils - LSC, organismes de droit privé, sont chargés depuis 2001 de la politique de formation continue de l’ensemble des personnes en âge de travailler, en emploi, au chômage ou inactives.
Les LSC développent notamment une stratégie particulière pour les jeunes, en particulier pour ceux qui ne sont ni en emploi, ni à l’école ni en formation, ainsi que pour les adultes ne disposant pas des compétences de base.
En partenariat avec le Jobcentre Plus, les LSC œuvrent notamment à ramener les publics peu qualifiés vers l’emploi en accordant la priorité aux formations à vocation professionnelle. Les LSC s’appuient sur les universités (colleges) et des prestataires extérieurs pour assurer les formations. S’agissant de la formation des demandeurs d'emploi, le financement des prestataires est généralement partiellement lié à l’effectivité de leur retour à l’emploi.
Enfin, le quatrième constat porte sur le fait de lier l’indemnisation des chômeurs à leurs efforts de recherche d’emploi :
Le dispositif britannique d’indemnisation du chômage repose sur une prestation unique appelée Jobseeker's allowance (JSA). Le bénéfice de la JSA est subordonnée à la conclusion d'un « Contrat du demandeur d'emploi » (Jobseeker’s Agreement), qui lie le demandeur d’emploi et son Jobcentre Plus en mentionnant les engagements réciproques. Le demandeur d'emploi s’engage notamment à rechercher activement un emploi et à en apporter la preuve régulière dans le cadre du suivi assuré par le Jobcentre Plus.
Deux périodes sont distinguées :
- pendant les 13 premières semaines, il est admis que le demandeur d'emploi pose des restrictions, dès lors qu’elles correspondent à des aspirations réalistes notamment quant au type d’emploi recherché. Ainsi, pendant cette période la recherche d’emploi peut être légitimement restreinte au champ professionnel antérieur du chômeur ;
- à l’issue de cette période et de l’entretien qui la clôt, le demandeur d’emploi n’a pas le droit de refuser aucun emploi.
Tous les cas de non-respect par le demandeur d'emploi de ses obligations (défaut de recherche d’emploi, refus d’une formation ou d’un emploi) peuvent donner lieu à sanction, qui relève d’un agent, qualifié de « Decision maker », distinct du conseiller. Les sanctions prennent la forme d’une suspension du versement de l’allocation. Elles peuvent faire l’objet d’un appel devant une juridiction.
(Le Temps Économie, mardi 22 mai 2012